L’éternelle soif de pouvoir à l’épreuve de l’humour surréaliste d’Alfred Jarry
Le Père Ubu est capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle rouge de Pologne, et ancien roi d’Aragon. Mais sa soif de pouvoir n’a d’égal que son appétit démesuré. Lorsque la Mère Ubu se découvre des velléités de Lady Macbeth et lui fait miroiter que, s’il accédait au trône, il pourrait s’enrichir indéfiniment et manger de l’andouille tous les jours, le calcul est vite fait. Avec l’aide du capitaine Bordure il fait sournoisement assassiner la famille royale.
Or, usurper le pouvoir suprême est une chose. Le garder en est une autre…
Qui de mieux que le stupéfiant Neville Tranter pour porter sur scène toute la radicalité du chef-d’oeuvre satirique d’Alfred Jarry ? Celui qui a enthousiasmé le public genevois avec Schicklgruber (2003), Acis et Galatée (2007), Cuniculus (2009) et Mathilde (2014) revient enflammer les planches du TMG de son univers marionnettique provocateur qui éclaire si bien les côtés les plus sombres de la nature humaine. Seul en scène, ce virtuose de la marionnette muppet jongle entre les personnages, plus grotesques les uns que les autres, dans un ballet hypnotisant et diabolique, qui séduit autant
par sa puissance dramatique et son actualité que par le rire qu’il suscite. Une sacrée révérence théâtrale à ce monde… ubuesque !