L’individu hors normes face au carcan (euh…cancan) de la société inclusive
C’est la cohue dans la mare à canards (alias la cour d’école) ! Le VPC (vilain petit canard) a encore frappé ! Toujours le même à semer la pagaille… Non seulement il est laid et petit, mais il n’en fait qu’à sa tête, défie les règlements et perturbe la tranquillité de tout un chacun. Pas étonnant que cet être dissipé et débordant soit en échec scolaire permanent, ce qui fait bien ricaner les jolis petits canetons (alias les bons élèves lambda). Pour ses « référents » (alias parents et professeurs) c’est à s’en arracher le plumage. Les experts s’emballent. Dyslexique, disent les uns. Dyspraxique, les autres. Supposé Asperger. Hyperactif. Haut potentiel. On aura tout essayé. Jusqu’au jour où notre VPC assistera par hasard à un spectacle de magie. Aurait-il tout simplement une âme d’artiste ?
Après avoir signé avec Les 3 petits cochons, le retour une relecture de conte qui restera gravée dans les mémoires, Claude-Inga Barbey choisit cette fois une oeuvre de Hans Christian Andersen pour porter sur scène des interrogations qui lui tiennent à coeur. D’où vient le besoin de notre société de devoir catégoriser jusqu’à la moindre particularité ? Est-ce que la différence angoisse au point qu’il faille l’enfermer dans une case pour mieux la comprendre et la maîtriser ? Dans une mise en scène bigarrée, un quatuor de comédiens complices et des marionnettes au caractère burlesque assumé font joyeusement virevolter les contradictions d’une société qui brandit haut et fort discours et langages inclusifs, mais peine à laisser réellement une place à un individu hors cadre.